France-Soir et ses photographes
Le mois de mai 1968 relève de ces moments où « en ouvrant son journal, on ne sait pas ce que l’on va y trouver », ce qui selon un grand historien contemporain caractérise une « situation révolutionnaire ».
Les quotidiens, au nombre de 13 à Paris, alors qualifiés de « nationaux », et de 85 en province, suivent d’heure en heure une situation inédite dont, jusqu’au 30 mai, nul ne se hasarderait à prédire l’issue. Les journaux dits « d’opinion » font partie des acteurs qui tentent de peser sur l’évolution du mouvement. Malgré ses sympathies gaullistes non déguisées, France-Soir relève, quant à lui, des journaux dits « d’information ». Une de ses spécificités tient à la place qu’il consacre à la photographie (couvrant parfois jusqu’aux deux tiers de sa surface). Il est alors doté du plus important service photographique de toute la presse quotidienne. Dirigé par Jacques Boissay, celui-ci compte en 1968 23 photographes salariés dont la plupart « couvrent » les événements parisiens, jour après jour.