Le fonds photographique de France-Soir

France-Soir a occupé une place considérable dans l’histoire de la presse du XXe siècle, de sa création en novembre 1944 à sa liquidation judiciaire en 2012. Journal phare de l’après-guerre, il devint dans les années 1950 et 1960 le premier quotidien français, par son tirage qui dépassa longtemps le million d’exemplaires, par la personnalité éminente de Pierre Lazareff, qui le dirigea jusqu’à sa mort en 1972, par la réputation de ses collaborateurs et la qualité des reportages publiés, par l’efficacité de ses réseaux d’information comme par ses nombreuses innovations rédactionnelles.

La photographie occupait une place privilégiée dans le traitement de l’actualité. Elle était fournie principalement par un service photographique particulièrement développé et performant : l’information passait d’abord par elle et son importance prépondérante dans la conception même du journal confère aujourd’hui aux archives photographiques de France-Soir tout leur intérêt, plus de cinquante années d’histoire du monde et des hommes s’exprimant à travers les 6,5 millions d’images conservées à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Roger Berson, Pierre Lazareff (1907-1972) au marbre de France-Soir avec un typographe, Paris, 15 novembre 1954 © Roger Berson / Roger-Viollet

© Bibliothèque historique de la Ville de Paris

Des archives conservées à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris

L’arrivée des archives photographiques du journal à la Bibliothèque historique s’est faite en deux temps : lorsque France-Soir quitte ses locaux originels de la rue Réaumur en 1987, la bibliothèque sauve de la destruction et recueille dans la précipitation du déménagement un premier ensemble d’environ 700 000 documents. Comprenant 400 000 négatifs, plaques de verre et négatifs souples, et 300 000 épreuves, le fonds couvre les années 1929-1980, France-Soir ayant récupéré les archives photographiques des journaux de Jean Prouvost interdits à Libération : Paris-Soir, Paris-Midi, Match.

Vingt-cinq ans plus tard, lors de la liquidation judiciaire du journal en décembre 2012, la Ville de Paris acquiert par préemption un deuxième ensemble qui couvre les années 1960-2000, jusqu’à l’introduction de la photographie numérique au journal. Ce dernier ensemble comprend environ 1,6 million d’épreuves, plus de 300 000 diapositives couleur de 1988 à 2000 et plus de 4 millions de négatifs noir et blanc de 1963 à 2000.

27 000 photographies couvrant les événements de Mai 68

27 000 images sont conservées pour les seuls événements de 1968 : parmi les 26 photographes employés par le service photo (voir liste ci-dessous) pour couvrir les événements, deux d’entre eux, Jacques Boissay et Bernard Charlet, jeunes trentenaires talentueux formés à l’école de Lazareff, assurent chacun plus d’une centaine de reportages. Assurant une couverture continue des événements, sortant plusieurs éditions par jour, France-Soir voit ainsi ses tirages atteindre le 30 mai le chiffre record de 1,72 million d’exemplaires, le plus important tirage de son histoire.

 

Les 26 photographes :

Francis Arnoult, André Aveline, Jacques Boissay, Tony Bosco, Claude Champinot, Bernard Charlet, René Chomont, Pierre Couturier, Dessalles, Pierre Drecq, Marcel Fournes, Robert Girardin, André Grassart, Bernard Hermann, Jean Laborie, Léon Lalanne, Serge Lansac, Daniel Lapied, Claude Lechevalier, Robert Palat, Michel Pansu, Claude Poensin-Burat, Yves Robert, Michel Robinet, Serge Trevisani, Claude Vignal.

Claude Lechevalier, Les photographes de France-Soir casqués pour les manifestations.

Avec de gauche à droite et de haut en bas : Claude Poensin-Burat, Daniel Lapied, Truchon (motard des photographes), Bernard Charlet et Michel Pansu.

7 mai 1968, Négatif souple sur support acétate de cellulose, Bibliothèque historique de la Ville de Paris 

© Claude Lechevalier / Fonds France-Soir / BHVP / Roger-Viollet

© Bibliothèque historique de la Ville de Paris

Un fonds en cours de numérisation

Plus largement, la richesse du fonds France-Soir, dont le traitement est en cours, est à la mesure de l’ampleur de son contenu et de sa préservation exceptionnelle : en effet, la plus grande partie en est inédite, les négatifs des reportages photographiques ayant toujours été archivés dans leur intégralité même si moins d’une image sur 20 était choisie pour la publication. En 2017, un premier inventaire thématique partiel est paru. Un deuxième inventaire numérique des négatifs est en cours depuis fin 2017, visant à mettre à disposition du public et numériser les 4,5 millions de négatifs couvrant la période 1963-2000.

Vous souhaitez consulter le fonds France-Soir ? :

/L’inventaire numérisé couvrant Mai 68 est en ligne :

https://bibliotheques-specialisees.paris.fr.

/Les 100 000 négatifs déjà numérisés seront visibles sur le Portail des bibliothèques municipales spécialisées d’ici fin 2018 :

https://bibliotheques-specialisees.paris.fr